Il y a des poèmes qui ne se nourrissent ni de roses ni
d’oiseaux, qui ne boivent pas la rosée des fleurs, qui ne se penchent pas sur
la source, qui n’aiment pas les jeunes filles à l’instant du bourgeon.
Ils ont un visage dur et une odeur d’hiver qui
dédaignerait la neige.
Ils parlent de chevaux, de labours, d’humbles herbes,
d’enfants sans jouets.
L’amour y semble caché mais apparaît soudain aux trous de
l’étoffe avec son insolent éclat de toujours.
Ils sont avides comme des rustres. Ils ont de grosses
mains. Leur rire est triste. Ils grelottent. Ils ont faim. Ils donnent à
manger. Le sang coule d’eux, frais, rouge et vite noir, luisant comme un long
regard échappé.
Les poèmes qui ne se nourrissent ni de roses ni d’oiseaux
ont une santé à briser le monde.
Il leur arrive de montrer vraiment l’intérieur du corps
qui est rouge et l’intérieur de l’âme qui est noir et vide.
Gil Pressnitzer
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